Héroïsation du corps sportif et nazisme

Héroïsation du corps sportif et nazisme l’étrange réception du film OLYMPIA en France

À l’occasion du congrès du Comité des Travaux historiques et scientifiques (thème : Corps, Sport et Jeux) Robert Belot a présenté le 23 mai 2024 une communication inédite

Résumé

Le nazisme a utilisé l’image comme vecteur de propagande mais aussi comme annonciation d’un « nouveau monde » post-démocratique. Le thème du corps comme source de « régénération » a été au cœur de cette révolution anthropologique. Un événement permet de mieux saisir cette ambition : les jeux olympiques de Berlin (1936). Nous proposons d’aborder cette problématique à travers OLYMPIA (titre en allemand, le titre français étant Les Dieux du Stade), le film réalisé par Leni Riefenstahl. Comment « l’égérie d’Hitler » a-t-elle utilisé ces Jeux pour construire un imaginaire de la puissance à travers l’héroïsation des corps ? Mais nous souhaitons aller plus loin dans l’analyse en abordant la question délicate de la réception de son film en France. Comment ce film a-t-il pu fasciner la France, de la gauche à la droite, au point que, en plein Front populaire, le making-of du film, présenté lors d’une soirée de gala le 2 juillet 1937, reçoive le « diplôme de Grand Prix » de l’Exposition ? Le mythe de l’olympisme sacralisé par l’image cinématographique fonctionne à cette occasion comme un leurre qui fait « écran » à une réalité intempestive qu’on se refusait de trouver insupportable.